Voyage à Kragujevac

Dans le cadre du Protocole d’échange établi entre l’EFB et le Lycée Premier de Kragujevac, les élèves de Premières ont fait le déplacement accompagnés de Mme Chourré, la Proviseure, et des deux professeurs organisateurs, Mme Potic et M. Bonolas. L’alternance est la règle, mais, cette année, sur l’insistance de Mme Anka Dedovic, le voyage a lieu le jour même de la commémoration du massacre du 21 octobre 1941. Cette date anniversaire est hautement importante pour le Lycée Premier puisque un grand nombre de victimes est à dénombrer parmi les élèves et les professeurs. Pour cette célébration nationale, marquée par la venue des responsables politiques du pays et, par la retransmission de l’événement à la télévision nationale, d’autres lycées de Serbie avaient aussi été invités. Ce fut ainsi l’occasion d’une rencontre parallèle entre Mme Chourré et d’autres proviseures de lycées serbes avec lesquels un protocole de coopération a aussi été signé. Cette collaboration entre l’EFB et ces établissements vise avant tout à dynamiser l’enseignement du français et en français pour les sections bilingues.

Cette cérémonie mémorielle intègre, chaque année, un épisode différent du massacre qui a eu lieu. Celui-ci fut mené par les nazis, à la suite d’une révolte serbe dans la région, contre l’occupation allemande. Cette fois-ci, fut évoquée et mise en scène l’histoire d’un garçon, enlevé brutalement à la demeure familiale par les Allemands, pour rejoindre le groupe de victimes désignées, en représailles, pour compenser de façon dissuasive la mort de soldats allemands lors de cette insurrection. Sa mère pensait simplement que l’on était venu chercher son fils pour l’intégrer de force à un groupe de travailleurs et que, dans la précipitation, on ne lui avait même pas laissé le temps de mettre ses chaussures! Mais, une fois connue la nouvelle du massacre qui venait d’avoir lieu, elle partit savoir si son fils faisait partie des victimes; et, tristement, le reconnut justement à ses pieds nus. Son affliction n’en fut que plus intense. Cette théâtralisation du drame maternel se trouvait, cette année, amplifiée par une mise en scène complémentaire, celui de la déploration d’une cignogne noire qui surplombait la scène,  et qui venait, elle aussi, de perdre ses petits. Or seule la cigogne noire peut chanter, d’où cette lamentation continue qui accompagnait, en surplomb, la représentation du massacre par les élèves du Lycée premier.

Cette conception scènique a été très bien pensée et a permis, une fois encore, une mise en scène émouvante et hautement symbolique d’un moment tragique de l’histoire serbe, et ce d’autant plus, que l’Europe voit revenir sur son sol les vieux démons de la guerre qui, plus d’une fois, ont mis à bas les valeurs d’humanisme et de tolérance qui l’animent, au nom d’ídéologies inanes et meurtrières.

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